Nègres blancs d’Amérique : énoncer le traumatisme

Paru en 1968, le livre qu’on ne présente plus de Pierre Vallières est sur le plan de la culture populaire, un incontournable, si l’on veut comprendre la genèse du Québec moderne et de sa fragilité. Il n’a pas la qualité historiographique et la profondeur intellectuelle de l’œuvre d’un Fernand Dumont, mais au même titre que le poème Speak White de Michèle Lalonde, le concept métaphorique de nègres blancs d’Amérique, transposé directement des luttes anticoloniales et étatsuniennes pour les droits civiques, a permis au peuple québécois de nommer et s’approprier la lutte contre la domination anglo-canadienne dont l’Église catholique québécoise était la complice et la garante. Cette domination a été véritablement traumatisante. Son énonciation émancipatrice.

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Les formes élémentaires de l’identité : un nationalisme civique est-il toujours possible ?

« Ce qui est meurtrier, c’est de définir son identité contre l’autre » (Amin Maalouf) Je ne crois pas être nationaliste. Je ne fête ni le 1er, ni le 14 juillet, ni la St-Jean. Mais j’exulte quand les Bleus gagnent la coupe du Monde de football et quand les États-Unis sont battus par le Canada au hockey. Un peu chauvin alors ? En même temps, le sport n’est-il pas un excellent remède à la guerre ? Alors, devrions-nous avoir une équipe québécoise de soccer sur les modèles écossais, irlandais ou gallois plutôt que d’affirmer notre Nation à l’aide d’une chasse aux sorcières musulmanes ? Si le chauvinisme sportif se pratique avec fair play, à l’inverse, les exemples historiques de nationalisme transmué en bête immonde ne manquent pas.

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